Intervention lors de la conférence de presse du 12 septembre à Zurich

Un grand merci !

A la suite de la publication du rapport concernant le projet pilote sur l’histoire des abus sexuels dans le contexte de l’Église catholique par l’équipe de recherche de l’Université de Zurich le 12 septembre 2023, nous avons reçu de nombreux messages de remerciements et de félicitations pour tout le travail accompli par le Groupe SAPEC depuis 2010 !

Nous n’avons pas pu répondre personnellement à tous les messages par manque de temps, mais nous les lisons attentivement, nous sommes très touché.e.s par vos mots, vos encouragements, par la reconnaissance portée à notre travail et à nos efforts pour que l’Église catholique prenne enfin toutes ses responsabilités face aux abus sexuels commis dans le contexte ecclésial et à leur dissimulation.

Le comité du Groupe SAPEC

> Intervention du président lors de la conférence de presse du 12 septembre à Zurich

> Lettre ouverte à Mme Baume-Schneider (PDF)

Intervention du 12 septembre à Zurich

Permettez-moi en préambule de remercier Mesdames les Professeures Monika Dommann et Marietta Meier de nous avoir permis d’étudier leur rapport dès la fin août et d’avoir invité un représentant des associations de victimes à siéger sur ce podium.

Je remercie aussi l’Association IG MiKU et sa présidente Vreni Peterer qui s’exprimera après moi, d’avoir reconnu comme le Groupe SAPEC qu’il fallait au moins un romand sur ce podium.

Le comité du Groupe SAPEC relève la qualité de l’étude pilote et l’ouverture de leurs archives par la plupart des évêques et supérieur.e.s de l’Eglise catholique suisse.

Les résultats confirment hélas ce que nous avons observé, voire vécu depuis 14 ans.

 

    • Durant des décennies, les autorités de cette l’Eglise ont étouffé leurs crimes, soutenu les agresseurs, protégé la réputation de leur institution au détriment des victimes réduites au silence.

    • Aujourd’hui le pape et les cardinaux prétendent vouloir faire la lumière, mais continuent à refuser l’accès aux archives de la nonciature et du Vatican.

Le Groupe SAPEC adhère à l’ensemble des conclusions et aux propositions de cette recherche préliminaire. De notre point de vue, il faut

 

    • que la phase principale démarre au plus tôt,

    • qu’elle mette les priorités sur le recours aux méthodes d’histoire orale et de recherche sociale empirique ainsi que sur la pluridisciplinarité

    • qu’elle lance une enquête quantitative et

    • accorde une plus grande attention aux régions latines

Nous tenons à mettre la focale sur 5 points en particulier.

1. Il est URGENT
Que soit mis en place un centre d’appel à l’échelle nationale. Ce centre d’appel doit être neutre et indépendant de l’Eglise pour susciter la confiance de toutes les personnes victimes qu’il appelle à s’annoncer, car les personnes qui ont quitté l’Eglise ou qui s’en sont éloignées sont méfiantes et elles ont des raisons de l’être.

2. Il est CRUCIAL
Qu’il y ait des appels ciblés notamment dans les institutions qui ont généré les abus (internats et écoles catholiques, mouvements de jeunesse, etc.). Comme le fit Monseigneur Werlen en 2011 au monastère d’Einsiedeln et le supérieur d’Hauterive tout récemment.

3. Il est PRIORITAIRE
Que des moyens soient mis à disposition des chercheur.euse.s en sociologie, en psychologie, en droit et en théologie pour contribuer à éclairer ce qui s’est passé.

4. Il est INDISPENSABLE
De lancer une enquête quantitative et sociologique, en plus de la recherche historique, pour pouvoir estimer plus précisément l’ampleur des abus sexuels dans le contexte de l’Eglise catholique en Suisse, à l’image de l’étude CIASE menée en France. Elle seule permettra de comparer, par une analyse quantitative, la prévalence des violences sexuelles commises par des agents pastoraux catholiques à celles observées dans d’autres sphères de la société.

5. Enfin il est NECESSAIRE
De rétablir l’équilibre des investissements de la recherche entre les régions linguistiques

 

    • A la lecture du rapport, on constate que l’investissement en personnes et en temps a permis de mieux cerner la réalité en Suisse alémanique et moins celle de la Suisse romande et du Tessin.

    • Il faut lancer un appel particulier aux personnes victimes du Tessin. Et peut-être que l’équipe de recherche devrait se déplacer au Tessin et y organiser deux, trois soirées d’information comme l’ont fait les Français avec la CIASE. Ils sont allés à la rencontre des personnes concernées et ça a marché ! Des collectifs de personnes victimes se sont constitués et de nombreuses victimes se sont alors manifestées. Elles ne l’auraient pas fait sans ces rencontres sur place.

    • Nous constatons encore en Suisse que le secret entoure certaines affaires d’abus. Il y a une négligence coupable à cacher la réalité, à tolérer le non-respect des sanctions prises à l’encontre des auteurs d’abus.

C’est pourquoi nous poursuivrons notre travail de vigilance et d’alerte.

Au nom du comité du Groupe SAPEC, je vous remercie.

Jacques Nuoffer, président

Zurich, le 12 septembre 2023

> Intervention lors de la conférence de presse du 12 septembre à Zurich

> Lettre ouverte à Mme Baume-Schneider (PDF)

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