Après le synode des évêques à Rome sur les abus sexuels Décisions du pape et positions du Groupe SAPEC au 25 février 2019

Alors que le témoignage de Valerio évoque notre vécu durant cette semaine à Rome, voici une synthèse des décisions du pape et positions du Groupe SAPEC.

Synthèse des décisions du pape selon le journaliste Jean-Baptiste Venditi (RTS radio le 24 février au 12h30)

  • Fin à la loi du silence et transparence
  • Protection des enfants, priorité aux victimes et empêcher les abus physiques et psychologiques
  • Dénonciation des criminels à la justice
  • Purification de l’institution
  • Formation des prêtres et exclusion des personnalités problématiques
  • Aide aux évêques
  • Accompagnement des victimes
  • Internet – sites pornographiques
  • Tourisme sexuel

 

Par rapport à ces décisions qui ne prônent pas la tolérance 0, le Groupe SAPEC rejoint 6 des propositions résumées dans l’analyse de Jean-Baptiste Venditi     

  • Le pape parle d’autres choses au lieu de l’essentiel pour noyer le poisson
  • Il n’annonce pas la modification du droit canon qui protège les agresseurs plus que les victimes
  • Pas de dénonciation à la justice civile, notamment en Italie
  • Pas de condamnation des protecteurs
  • Il donne les statistiques sur le problème global de la violence sexuelle sur les enfants et finalement rien sur le problème dans l’Église
  • Pas de reconnaissance de la présence et de l’impact des associations de défense des victimes
  • Pas d’éclairage concernant le fait que la tolérance zéro n’est pas appliquée fermement
  • Est-ce qu’il a peur de ce que pourrait être un retour de balancier pour son propre cas quand il était en Argentine ?

Situation aujourd’hui en Suisse

L’Église suisse face aux abus 

  • Dès 2002 : Directives, commissions d’experts, commissions ecclésiales avec les supérieurs
  • 2010 : Reconnaissance, demande de pardon et annonce de réparation.
  • 2015 :
    – Constitution d’un fonds de réparation et mise en place d’une commission d’indemnisation :
    – Acceptation d’une commission non ecclésiale : la CECAR, avec contrôle de plausibilité
  • Formation des agents pastoraux et des membres des commissions

La Commission d’Écoute, de Conciliation, d’Arbitrage et de réparation : CECAR

  • Neutre et (indépendante)
  • Ouverte aux personnes victimes qui ne veulent plus avoir à faire avec l’institution qui ne les a pas protégés
  • Comité de trois conciliateurs de spécialisations complémentaires recevant le requérant et, à sa demande, l’agresseur ou, à défaut de ce dernier, son représentant dans l’Église.
  • Sujet tabou en Suisse allemande : ni les évêques ni les journalistes ne développent sa présentation.

Situation dans le monde

 

Très grande diversité du contexte ecclésial selon les continents et les pays : les souffrances des victimes sont les plus grandes
– là où l’on est dans le déni : en Afrique et en Asie. Mais pas seulement : aussi en Pologne et en Italie
– dans des pays où l’Église a la mainmise sur les consciences, où elle se sent au-dessus des lois.
– là où l’abus de pouvoir fait le lit des abus sexuels. 

Nos demandes : Monde et Église (donc la Suisse aussi)

 

Face aux abus : Tolérance 0

  • Déclaration systématique à la justice civile, au moins dans tous les pays qui sont dotés d’un État de droit et liste de ces pays.
  • Modifications dans le Droit Canon : par ex. abolition du délai de prescription, définitions exactes des abus sexuels, pédocriminalité, etc.
  • Tolérance 0 effective pour les évêques et supérieurs de congrégations religieuses quant à la non-dénonciation d’abus, y compris de manière posthume, en reconnaissant les manquements d’évêques décédés.
  • Transparence dans tous les dossiers, accessibles aux victimes, à leurs avocats, aux chercheurs.
  • Remise en cause de la doctrine catholique actuelle sur la sexualité, le célibat obligatoire, etc.

Face aux personnes victimes

  • Réparation effective auprès des victimes : les multiples demandes de pardon, les prières organisées, les jeûnes sont juste utiles aux ecclésiastiques pour se dédouaner, se sentir mieux et de la poudre aux yeux pour les victimes, leurs familles et la société.
    À ce titre, le modèle de la CECAR est intéressant. Réparation selon le modèle de Joinet.
  • Soutien officiel par l’Église, reconnaissance des associations de victimes et écoute de leur parole.

Promotion du modèle et de ses inspirateurs

  • Ringlet Gabriel : réparation institutionnelle : Recherche -Pardon- Indemnisation – Interrogations sur la sexualité et le pouvoir du prêtre.
  • Louis Joinet : la justice institutionnelle : Droit à l’information, à la justice, à l’assurance de prévention et à la réparation.

Constitution des commissions tripartites :Victimes – Église – Société civile

 

Recherches au niveau régional et mondial

Information sur les des actions déjà mises en place et leur efficacité, ce qui peut servir de modèle avec effet boule de neige. (voir Modèle belge et CECAR par ex.)

Nos demandes : pour la Suisse

Écoute et collaboration avec les victimes

  • Faire connaître aussi la CECAR aux personnes de Suisse allemande victimes d’abus par un prêtre, mais qui ne veulent pas retourner vers l’institution qui ne les a pas protégées.
  • Participation d’associations de victimes dans toutes les commissions mises ou à mettre en place concernant de près ou de loin la pédophilie ecclésiastique.

 

Développement de la Prévention

  • Mise en place par la CES, avec l’aide d’experts et de spécialistes, d’un programme de prévention au niveau de la hiérarchie de l’Église en plus de ce qui est déjà fait dans certains diocèses.
  • Écoute approfondie non seulement des victimes, mais aussi des rares et vrais experts internationaux compétents dans ce domaine, Stéphane Joulain, Sr Marie-Paul Ross par exemple.

Sélection – Formation – Supervision – Engagement des prêtres étrangers

  • Obliger les évêques et les Supérieurs à avoir un contrôle régulier sur le profil, l’attitude de ceux qui dirigent, forment, accompagnent, supervisent, discernent dans les séminaires diocésains et les congrégations religieuses. C’est un peu comme la chaîne du froid : un seul chainon manquant et toute la sécurité est anéantie. Et ceci pourrait aussi être actualisé à l’échelle mondiale.
  • Formation spécifique dans les séminaires diocésains et congrégations religieuses masculines et féminines de tous les agents pastoraux dans le domaine de la sexualité, de la maturation psychosexuelle et affective par des experts extérieurs.
  • Dans chaque diocèse, former au moins un ou deux spécialistes auprès d’écoles reconnues et d’experts compétents, qui puissent avoir accès à tous les dossiers et situations.
  • Formation continue régulière des agents pastoraux en matière de prévention des abus de pouvoir et abus sexuels et formation plus approfondie pour certains ayant des responsabilités plus élevées.
  • Attention particulière des évêques dans l’engagement de prêtres étrangers : leur faire passer un test de personnalité auprès d’un psychiatre ou d’un psychothérapeute tous deux expérimentés et demande au séminaire suivi le contenu de la formation en matière psychoaffective et sexualité.

Recherche

  • Création de fonds pour la recherche des multiples causes qui ont permis à la pédophilie ecclésiastique de se développer et de se maintenir.
  • Favoriser des recherches académiques (pourquoi pas avec un Prix d’excellence attrayant) permettant d’obtenir des résultats indéniables.
  • Enquête sur les abus sexuels dans l’Église au niveau national, comme cela a été fait en Australie, Pennsylvanie, etc.
  • Publication de l’affaire Allaz dont les résultats de la commission des capucins ne sont pas publiés.

Jacques Nuoffer
Président du Groupe SAPEC

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