Edito du 8 octobre 2019 : Du Mémoire à la mémoire en passant par le mémorial

L’idée, la conscience de la nécessité de faire un travail de mémoire, de comprendre l’histoire des abus sexuels en Suisse, et aussi de manière globale, et d’en témoigner par un signe public, étaient déjà présentes au Palais Fédéral en 2015 lors des réunions tripartites (parlementaires, représentants des victimes et de l’Église) qui ont débouché sur l’Accord instituant la CECAR, Commission d’Écoute, de Conciliation, d’Arbitrage et de Réparation.

Le mot « mémoire » est un élément chargé de beaucoup de sens pour les membres du Groupe SAPEC puisque c’est sous ce titre, que Jacques Nuoffer et Marie-Jo Aeby ont réuni en 2013-2014 une compilation d’éléments se rapportant aux abus sexuels commis par des agents pastoraux dans le monde et en Suisse. Ce document, toujours disponible sur ce site, rassemble des informations qui étaient auparavant éparses dans des publications, les archives des médias et les dossiers du Groupe SAPEC comme dans la mémoire de chacun d’entre nous.

Ce Mémoire a permis de donner une vision globale de la situation dans le monde et en Suisse jusqu’en 2014. L’ampleur du problème démontrait ainsi la nécessité de mettre sur pied une commission indépendante pour recevoir les demandes de réparation des personnes qui ont été les victimes de ces crimes. C’est ce document qui a été la pierre angulaire pour mobiliser les parlementaires et des évêques et qui a aidé la commission tripartite à concevoir la CECAR !

Ainsi des dizaines de personnes ont pu obtenir reconnaissance et réparation sans revenir vers l’institution qui les avait abusées. Mais certaines d’entre elles aspiraient aussi à ce que quelque chose de visible témoigne publiquement et durablement de la reconnaissance de l’existence de ces crimes, un signe tangible. Un mémorial, par exemple, peut attester qu’on en a enfin fini avec les secrets, avec la manière dont les abus sexuels ont été commis, et le traitement que leur ont réservé très souvent les familles, les évêchés et les ordres religieux : il n’est plus question que tout reste bien caché pour ne pas risquer de révéler au monde des réalités choquantes. On touche là l’essence même de la problématique, le mécanisme qui a permis à des personnes perverses de commettre leurs crimes des années durant sans être inquiétées et donc sans être présentées à la justice.

Le comité de notre association m’a chargé d’animer un groupe pour concevoir plusieurs idées visant à faire mémoire. En collaboration avec Mgr Morerod, nous allons concrétiser un premier projet en posant un mémorial le samedi 23 novembre 2019 à Fribourg, avec quatre moments-clés que je vous laisse découvrir sous Activités !

Réservez cette journée et rejoignez-nous !

Car dans le travail de mémoire qu’un destin douloureux invite à réaliser pour sa propre guérison et celle de la communauté, le mémorial est une étape pleine de sens. Ce n’est cependant pas une fin, ce n’est pas la clôture d’un dossier ; parce que si la reconnaissance et la demande de pardon sont essentielles, ça ne supprime pas la nécessité de comprendre, de savoir et d’expliquer et dans cette perspective, il y a encore des choses à réaliser.

Jean-Marie Fürbringer
Membre du comité

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